COMPRENDRE LA MUSIQUE POUR MIEUX DANSER


Comprendre la musique ne nécessite pas forcement des connaissances importantes sur la théorie musicale. Tout le monde peut et doit comprendre la musique, surtout les danseuses et les danseurs.

Decouvrez le petit tutoriel ci-dessous.

Il s’agit là d’une vision personnelle sur la façon dont la musique Swing est écrite, jouée et aussi une précision sur l’utilisation de certains termes comme le Tempo et Le Rythme, mais aussi les outils disponibles aux danseuses et danseurs pour créer le rythme.

Qui sème le tempo, récolte le rythme…

LE TEMPO & LE RYTHME

Le TEMPO : Ou mouvement. Il se determine par le nombres de pulsation par minute. C' est la vitesse d'exécution à la laquelle la musique est jouée. On parle de "bpm" (battements par minute). C'est aussi la vitesse à laquelle il faudra s'adapter pour danser 🙂

LE RYTHME : Ou débit. C'est l'ordre plus ou moins symétrique dans lequel vos pas vont se décliner. Il est variable à l'infini. Le Rythme de base pour les danseurs de Lindy Hop est : "rock step triple step - step step triple step".

Cette sequence rythmique respecte bien sur la structure musicale qui elle est basée sur 4 temps. Personnellement, je ne n'utiliserai que le langage du rythme chanté sur la base de la musique, c'est à dire : en chantant le rythme , tout en respectant chaque phrase musicale de 4 temps. Je n'utiliserai que très peu le language de 8t, 6t., 10t. etc..., qui je pense n'ont de sens que pour construire une variation de danse, ou à des fins pédagogiques, mais aucun avec la musique. Pourquoi ? Long débat, mais on va faire court... Si on considère que la musique est, en majorité sur 4 temps, on peut mal imaginer un musique en 6 temps (pour les danseurs de Lindy...) Exemple : une phrase musicale de base pour les danseurs est de 8 temps : "1 2 3&4 - 5,6 7&8" ou "rock step triple step - step step triple step" On pourra facilement modifier, renverser, déplacer la séquence rhythmique ci dessous : "rock step triple step - step step triple step" ou "rock step triple step triple step rock step" Mais on ne pourra pas changer l'ordre chronologique des numéros : 1, 2, 3&4 5, 6 7&8 en 1, 2, 3&4, 7&8 5, 6. Voilà pourquoi le rythme est variable à l'infini et que l'on peut difficilement parler de 6 temps... Donc dans la mesure du possible, chantez le rythme ne le comptez pas ! Mal à la tête ? 🙂 Regardez le tuto ci-dessous...

DECLINAISON RYTHMIQUE 8c vs 6c
1 2 3 4 5 6 7 8
| R1 S Tp S Tp S R1 S
|| Tp S Tp S R1 S Tp S
||| Tp S R1 S Tp S Tp S
IV R1 S Tp S Tp S .../...

ECOUTEZ !

La liste des standards de jazz est longue, mais nous vous proposons d'écouter un standard du jazz et de le décrypter ensemble : The Flat Foot Floogie de Slim Gaillard & Slam Stewart, interprété ici par Rose Murphy

A :

Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Floy doy floy doy floy doy floy doy (1×8)

A :
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Floy doy floy doy floy doy floy doy (1×8)

B :
If you feel a low down (1×8)
You don’t know what you do (1×8)
If you want a show down (1×8)
It’s the only dance for you to do (1×8)

A :
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Flat foot floogie with the floy doy (1×8)
Floy doy floy doy floy doy floy doy (1×8)

STRUCTURE DE BASE ET RENVERSEMENTS

Vous trouverez ci-dessous un exemple, une explication, une façon de decomposer et construire une sequence rhythmique sur un thème musical.​

Un peu d’histoire…

Une petite page d’histoire (c.f. H.Panassié) pour tous les amateurs de Rock n roll ignorant ses origines très intéressant :):):)
De tout temps, le jazz, musique des Noirs, a été victime d’une ségrégation semblable à celle subie par les Noirs aux Etats-Unis.
Autrefois, les disques de jazz authentique, ceux de Joe Oliver, Louis Armstrong, Jelly Roll, Jimmie Noone, Duke Ellington, les disques des grands chanteurs de blues comme Bessie Smith, Ma Rainey, Blind Lemon Jefferson, Big Bill étaient catalogués « race records » ( « disques nègres » ) et distribués seulement dans les quartiers noirs, tandis que les disques de faux jazz, de Paul Whiteman à Red Nichols en passant por Ben Selvin, se trouvaient partout. A de rares exceptions près, les Américains blancs ne soupçonnaient même pas l’existence de Louis Armstrong et de Fats Waller.
Puis le succès de Louis Armstrong et de Duke Ellington dans des revues jouées devant le public blanc créa une telle demande pour leurs disques que ceux-ci furent enfin distribués partout; et il en fut de même pour quelques autres artistes noirs -les plus réputés. Mais la plus grande partie des disques enregistrés par les Noirs restèrent longtemps encore confinés à la catégorie «race records».
Au moment où cette « ségrégation » semblait sur le point d’être abolie, à la fin de la seconde guerre mondiale, le be bop surgit, bientôt suivi du « cool » ,
N’arrivant pas à vendre à la clientèle noire (pas plus, d’ailleurs, qu’à une grande partie de la clientèle blanche) ces disques alambiqués et dépourvus de swing, les Cies de Disques inventèrent une nouvelle rubrique dans leurs catalogues : la rubrique « rhythm and blues » .
Dans cette catégorie furent empilés pêle-mêle les disques de blues authentiques par les grands chanteurs noirs, les disques de trios, de petits orchestres (voire même de grands orchestres) basés sur le swing, et les disques de chanteurs ou groupements blancs imitant les Noirs.
Cette expression « rhythm and blues », malgré son absence de précision technique, a du moins quelque chose de significatif : le mot « rhythm » a été placé là pour indiquer au public qu’il trouverait dans ces disques le rythme devenu absent des disques de « jazz progressiste ».
Puis vint le « rock ‘n roll » On a dit que c’était là un nouveau nom pour le « rhythm and blues » , C’est en partie vrai et en partie faux. Contrairement à la très plate expression « rhythm and blues » qui a été lancée par des commerçants, « rock n’ roll » est une expression imagée qui a été inventée par les musiciens noirs et qui décrit fort bien un certain genre de swing, le swing « roulant » basé sur le rythme « shuffle » ou boooie woogie ponctué d’une forte accentuation du contretemps. L’expression est très ancienne : en 1937 déjà, dans le Rock it for me de Chick Webb, Ella Fitzgerald chantait. « …To day the rage is rhythm and rhyme, so you ought to satisfy my soul with the rock and roll » (Aujourd’hui la mode est au rythme et à la rime, aussi tâchez de me contenter avec le rock and roll) .Et ce n’était assurément pas la première fois que l’expression était employée.
Si l’expression est ancienne, la musique ne l’est pas moins Une foule d’interprétations de Louis Jordan, de chanteurs de blues et de petits groupements enregistrées il y a près de 20 ans[1] offrent toutes les caractéristiques du « rock ‘n roll ».
Le mot n’atteignit le gros public que vers 1955. On appela « Rock ‘n roll » l’importante portion de la production « rhythm and blues » qui correspondait (en gros) aux caractéristiques indiquées ci-dessus. Il est donc absurde de prétendre, comme l’a fait un zazotteux, que le « rock ‘n roll; » est une commercialisation du « rhythm and blues » .
Mais, de même qu’en 1935 la vogue du swing profita bien plus aux orchestres blancs de Benny Goodman, Artie Shaw et consorts, de même le tapage fait autour du « rock ‘n roll » bénéficia surtout aux Blancs (Elvis Presley, Bill Haley) dont le chant et la musique n’étaient qu’une caricature du « rock ‘n roll » tel que le jouaient les Noirs.
Les soi-disant critiques de jazz prirent prétexte du lamentable niveau du « rock ‘n roll » commercial pour ignorer le vrai « rock ‘n roll » super-swinguant de Noirs tels que Joe Turner, Ray Charles, Little Walter, Muddy Waters, Elmore James, Sonny Boy Williamson (le second), d’orchestres comme ceux de Buddy Johnson, Tiny Grimes, Earl Bostic.
Dans la principale revue de jazz (ou supposée telle) américaine Down Beat, la chronique de disques ignore le « rock ‘n roll » et place généralement Louis Armstrong (sous prétexte qu’il enregistre des airs à succès) dans la rubrique « popular » (équivalent de notre « musique de variétés » ) aux côtés de chanteurs genre Frank Sinatra. Et sous la rubrique « jazz » , vous trouvez la chronique des microsillons de Gerry Mulligan, du Modern Jazz Quartet et autres progressistes. C’est tout juste si Duke Ellington, Buck Clayton et deux ou trois autres ont droit à figurer dans cette rubrique. N’est-ce pas admirable ? Le jazz exclu de la rubrique qui porte son nom !
Bien entendu, cette attitude des « critiques » américains est adoptée par nos progressistes français. N’a-t-on pas lu cette phrase incroyable de Pédant Zazotteux N° 1 dans un récent Zazott (N » 123, page 10) ..
« On m’a parlé de Ray Charles comme d’un musicien de jazz remarquable, mais comme il gagne beaucoup d’argent avec le Rock and Roll il ne veut pas se lancer dans le jazz ».
Le dernier pas vient d’être fait. On ne se contente plus de qualifier de jazz la musique anti-noire des progressistes; on refuse maintenant la qualité de jazzman à celui qui ne joue pas cool.
Ainsi se révèle l’hypocrisie des attitudes précédentes. on qualifiait de sectaire notre refus d’appeler noir ce qui était blanc (c’est-à-dire d’appeler jazz la musique progressiste), on plaidait la tolérance, on invoquait la largeur d’esprit grâce à laquelle on devait goûter « tous les styles » (tout en essayant, en même temps, d’étrangler par tous les moyens ce qui n’était pas « progressiste ») .Et puis, subitement, on lâche le paquet, on dit le fond de sa pensée : un grand artiste qui ne joue pas cool ne fait pas de jazz. Ainsi paraît au grand jour l’intolérance jusque-Ià masquée sous de cauteleuses déclarations libérales. On ne tolère plus qu’un jeune musicien joue autre chose que de la musique progressiste ; s’il le fait, on lui refuse la qualité de jazzman. Ray Charles s’exprime dans la tradition musicale noire, c’est inadmissible. Qu’il se mette à la musique des Blancs et on l’acceptera; mais à cette condition seulement .
Ne vous l’avais-je pas souvent dit que le but poursuivi par les progressistes était l’abolition du jazz, de la musique authentiquement noire ? De même que la ségrégation tient les Noirs à l’écart aux Etats Unis, de même une ségrégation d’ordre musical tient à l’écart la quasi-totalité du vrai jazz. Et quand un jazzman a acquis une trop grande renommée pour qu’on puisse le mettre de côté, on ne cesse de l’éreinter, voire de le diffamer. Relisez les détails sur Louis Armstrong au Festival de Newport dans le dernier Bulletin, et méditez-Ies.
Amis du jazz, ne vous lassez pas de dénoncer autour de vous l’imposture progressiste et redoublez d’efforts pour faire connaître au monde le véritable visage du jazz.
Hugues Panassié

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